Schéma de développement communal : Wavre n'aura pas évité les écueils du XXe siècle
Ce mardi 22 mars, la Ville de Wavre a pris connaissance de l’analyse établie par le bureau indépendant JNC International sur son territoire. C’est la première étape de la réalisation d’un schéma de développement communal, ce document stratégique qui doit servir de guide à l’évolution du territoire wavrien. Sa lecture nous confirme que Wavre n’aura pu échapper aux écueils du XXe siècle de l’étalement urbain, dénoncés par les écologistes depuis quarante ans.
Le constat est sans appel : les politiques mises en place par la Ville de Wavre ces dernières décennies n’auront pas permis d’éviter la dislocation des fonctions urbaines au détriment des centres de villes et des villages et des unités écologiques du territoire communal : l’étalement urbain s’est intensifié.
Un tableau navrant
À quoi ressemble Wavre aujourd’hui ? À un puzzle raté dont les pièces ont été placées en dépit du bon sens. L’économie est en très grande partie logée dans les zonings industriels, économiques et commerciaux, les services administratifs et les équipements publics sont principalement au centre-ville (où il reste quelques commerces qui vivent des temps difficiles) et nos habitations se construisent toujours plus loin des centres.
Pour relier tous ces espaces qui s’éloignent, il nous faut toujours plus de voitures. Elles prennent de plus en plus de place : nos espaces urbains ne sont pas nécessairement organisés pour les stocker. Trop nombreuses, elles finissent par nuire à l’attractivité du tout. Pour couronner ce tableau navrant, la trop faible présence d’infrastructures pour la mobilité douce ne nous permet pas d’inverser la vapeur : nous manquons cruellement de pistes cyclables et de trottoirs.
En résumé, Wavre n’aura pas réussi à lutter contre les grandes tendances du XXe siècle de l’étalement du territoire.
Aujourd’hui, nous devons « reconstruire la ville sur la ville » et « rassembler les fonctions ». Nous devons retrouver une certaine mixité et une certaine proximité : en créant des espaces de qualité, où il fait bon vivre et où ce dont nous avons souvent besoin est relativement proche de nous. Pour se déplacer respectueusement dans ce territoire distendu qui est aujourd’hui le nôtre, le vélo a un rôle essentiel à jouer.
Trois chantiers sont à entamer pour transformer Wavre en une ville adaptée aux défis qui nous attendent.
1°) Rendre la ville plus attractive
Aujourd’hui, chaque jour, des milliers de personnes viennent travailler à Wavre. Et d’avril à novembre, une foule importante vient se divertir à Walibi. 1.442.660 personnes ont visité les attractions de Wavre en 2019, un chiffre qui donne le vertige.
On ne voit que trop peu ces visiteurs en ville alors qu’ils devraient y venir dîner, faire leurs courses, loger. Trop de bouchons ? Manque d’attractivité ? Un peu des deux. Mais surtout la conséquence d’une aberrante politique d’installation de bureaux et de commerces en périphérie alors qu’ils auraient pu nourrir le centre.
– Trop de bouchons, certainement. Quel est l’intérêt de se rendre dans une ville congestionnée plusieurs heures chaque jour ? Une ville où l’on n’a pas compris que l’on pouvait résoudre ce problème en développant les transports en commun, le vélo, la marche, la multimodalité de nos transports, etc.
– Manque d’attractivité, certainement aussi. On est loin d’une ville où l’on prendrait plaisir à venir s’y rendre pour elle-même, une ville faite de places agréables, verdurisées, une ville où les espaces aujourd’hui phagocytés par l’automobile seraient remplacés par des devantures accueillantes de commerces, des terrasses de bars et de restaurants.
C’est l’équation du centre de Wavre : moins de place pour la voiture, + de mobilité douce, + d’habitants, + de bureau, + d’Horeca.
On le comprend, l’activité commerciale pourra se développer si nous réduisons intelligemment l’espace urbain dédié à la voiture. L’attractivité de l’espace public est un atout pour le commerce, et cette attractivité passe par une réorganisation de la mobilité.
2°) Valoriser les centres des villages : Bierges et Limal
Un centre de village, c’est un lieu central, géographiquement parlant, mais c’est aussi à la fois un symbole, un lieu de rassemblement et un lieu d’activité. Ce qui est paradoxal à Wavre, c’est que dans cette commune constituée de trois entités, la très large majorité des équipements ont été concentrés dans l’une seule d’entre elles.
Certes, Limal dispose d’une jolie place, mais bordée de voiries fréquentées et régulièrement envahie par des voitures qui s’y parquent. On a voulu créer un espace public dégagé et accueillant, mais il n’est pas vraiment là. Les activités y sont rares.
Quant au centre de Bierges, c’est pratiquement le désert au niveau espace central. D’ailleurs, comment le situer ? Il y a bien la rue des Combattants, mais c’est une route !
Pas de marché, pas de centre culturel pour soutenir les associations locales dans l’animation des lieux et d l’espace public, un manque cruel de toutes ces choses qui favorisent la proximité (imaginons, par exemple, que Limal ne dispose pas d’un service aussi essentiel qu’une crèche) … Que de carences !
Limal et Bierges méritent d’être plus que de simples lieux périphériques de Wavre et doivent être valorisés comme de vrais centres pour y favoriser une vie de village.
Cela passera aussi par l’accessibilité via la mobilité douce, en reliant les centres par des liaisons cyclopiétonnes aux lieux environnants importants, et en protégeant le caractère doux des voies où c’est encore possible.
3°) Restaurer la nature
La nature réduit le stress et l’anxiété, elle stimule notre système immunitaire, nos sens et nos capacités cognitives. Nous y puisons notre nourriture et une bonne partie de notre pharmacopée. Nous devons la préserver. Mieux : nous devons la restaurer.
Nous sommes malheureusement une des dernières communes du Brabant wallon à ne pas disposer d’un PCDN, un plan de développement communal de la nature. Et nous n’avons donc, à ce jour, pas de stratégie à cet égard.
Le territoire de Wavre compte pourtant 9 sites de grand intérêt biologique (SIGB), qui recouvrent partiellement deux zones Natura 2000 (la vallée de la Lasne et la vallée de la Dyle). D’autres forêts non classées sont également intéressantes du point de vue écologique. Nous l’ignorons souvent, mais nous disposons de quelques richesses remarquables. Relier ces milieux naturels par des couloirs écologiques permettra à la faune de s’y déplacer et augmentera sa résilience à l’activité humaine.
D’autre part, nous disposons d’un réseau dense de chemins et de sentiers qui pourrait s’inscrire utilement dans le développement d’une activité touristique à Wavre, en veillant à ce que cette activité touristique autour de la nature préserve le bien-être de la faune, de la flore et de la biodiversité. Nous pouvons vivre AVEC la nature, et les activités agricoles pourraient également jouer un rôle dans cette équation.
La prochaine étape dans l’élaboration du SDC consiste en l’élaboration d’un avant-projet qui sera présenté en Conseil communal avant d’être ultérieurement soumis à enquête publique.
Il faut battre le fer tant qu’il est chaud… Pourra-t-elle avoir lieu avant les vacances d’été ?
Crédit photos : Image par shilin wang de Pixabay