Eclairage public : arrêtons le gaspillage
En passant devant la Sucrerie la nuit, on ne peut qu’être frappé par la débauche de lumière sur l’ensemble du site, un parking totalement vide, mais intégralement éclairé, et le bâtiment central illuminé de partout. Il en est de même de nombreux quartiers de Wavre, inutilement éclairés durant toute la nuit alors que personne n’y circule.
Cet éclairage participe à la pollution lumineuse dont on sait qu’elle est délétère pour la biodiversité, car elle perturbe complètement la vie de la faune nocturne, et néfaste à notre santé puisqu’elle déstabilise notre sommeil.
De plus, elle nous coûte cher. Et elle nous coûtera de plus en plus cher à cause de la situation de guerre dans laquelle le monde est plongé et du risque réel de pénurie. Au point que les grands patrons des trois principaux fournisseurs français d’énergie ont tiré la sonnette d’alarme en suppliant qu’on l’économise dès maintenant. Immédiatement. En Suisse, certains experts annoncent que les prix pourraient être multipliés par six.
On ne pourra donc pas dire que nous n’avions pas été prévenus et nous devons dès aujourd’hui agir en conséquence. Nous entendons du CPAS que des personnes sont obligées de faire appel aux services sociaux, car elles n’ont pas les moyens de payer leur facture d’énergie. Et vous, vous dilapidez notre capital énergétique tout au long de l’année, chaque nuit, chaque heure de la nuit. N’y a-t-il pas là quelque chose qui cloche ?
Nous devons réagir le plus tôt possible en mettant fin à cette dilapidation d’énergie et en réfléchissant à un plan lumière qui tienne compte des impératifs de sécurité publique, des contraintes économiques et des critères d’environnement et de santé.
Même si les LEDs ont permis une modulation de la consommation d’énergie, ils ne sont pas suffisants. Des éclairages intelligents, dans certaines rues, s’allument lorsque l’on s’en approche. Le dimming, quand il est bien réglé, peut diminuer la luminosité. Tout cela, c’est déjà un bon début, mais ce n’est pas, ce n’est plus suffisant.
La commune de Walhain, consciente du coût exorbitant de l’éclairage public pour les finances locales et de l’impact sur la faune de la pollution nocturne qu’il génère, a lancé un sondage auprès de ses habitants. C’est un bon exemple que nous pourrions suivre.
Elle y proposait diverses options, parmi lesquelles l’extinction complète durant la nuit. Consciente que ce changement pouvait inquiéter au niveau de la sécurité, elle a apporté des arguments en rappelant que l’éclairage public apportait surtout un “sentiment “de sécurité, mais n’était pas “la” solution aux problèmes de sécurité. La cause principale des cambriolages, par exemple, selon la police, est l’absence des habitations, pas l’éclairage. Et en matière de sécurité routière, l’éclairage public confère un sentiment de sécurité et de maîtrise à l’automobiliste qui accroît sa vitesse, ce qui représente un risque accru d’accident.
Nous sommes conscients qu’un niveau minimal de sécurité doit être maintenu pour des personnes faibles, mais éclairer le moindre mètre carré de la ville durant toute la nuit n’est pas la solution. Un plan lumière doit être élaboré, qui pourra jouer sur la couleur de l’éclairage, son intensité, son confort, sa température, décider où l’éteindre quand il n’est pas nécessaire, et où suréclairer lorsqu’il s’agit de zones à risque.
Certaines communes, comme Rebecq, ont déjà franchi le pas de l’extinction totale de 23h à 5h du matin, hormis sur les zones accidentogènes. À Chaumont-Gistoux, on a carrément supprimé des luminaires, la solution la plus performante au niveau économique et environnemental.
Il est indispensable que Wavre fasse de même. Immédiatement.
Article basé sur une intervention de Patrick Pinchart lors du Conseil communal de Wavre le 28 juin 2022.