Wavre, qui voulait devenir plus grosse que le bœuf, est en risque d'implosion

Wavre, la Crapaute qui veut se faire plus grosse que le bœuf
Publié le
Rédigé par 
Ecolo Wavre

La Ville de Wavre a proposé au Conseil communal du 21 décembre 2021 son budget pour 2022. Il a fait bondir les conseillers communaux écolos tant il présente une politique du paraître incompatible avec la politique du mieux-être que souhaite Ecolo.

Revoyons la situation actuelle par la lorgnette de la déclaration de politique communale de début de législature. Après relecture des ambitions passées de la Ville, Ecolo est très étonné par l’analyse du budget 2022.
Disparue, la vision annoncée en début de législature !
Disparues, les promesses d’antan ! Un budget du « paraître » dont le coût s’éloigne totalement de l’essentiel, les véritables besoins des Wavriens.
Wavre nous rappelle cette grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf, dans les fables de La Fontaine. Souvent, nous utilisons cette image, pour en exprimer les choix de démesure dans la politique menée depuis plusieurs années par la Majorité.

Des ambitions démesurées mais des moyens insuffisants.
En parcourant le projet, l’œil des citoyens conscients des enjeux de ce siècle pour l’avenir de la Planète et de ses habitants, relève rapidement quelques lignes intéressantes sur le développement durable, érigé comme axe transversal de la politique de la Majorité. Elle affiche l’ambition de réduire de 40% les émissions globales de CO2 sur tout le territoire de la ville d’ici 2030, c’est-à-dire dans 8 ans. Alors que cet objectif fort et structurant devrait se refléter dans le budget 2022, il n’y figure que très peu d’engagements qui nous mènent dans cette direction. Les moyens donnés pour réaliser la transition énergétique sont largement insuffisants. Certes, il y a l’accompagnement Renowatt prévu pour trois bâtiments, et nous nous en réjouissons, mais c’est bien faible au regard de l’ampleur des efforts à fournir : quel poids les travaux d’isolation de ces trois bâtiments, dont nous relèverons qu’ils sont réalisés grâce au soutien de la Région wallonne, quel poids ces travaux auront- ils sur notre objectif de réduction de 40% de nos émissions ?

Nous attendons toujours, au 4e exercice budgétaire de la législature sur les 6 qu’elle contient, une projection des actions que nous devons mener pour atteindre cet objectif. Nous aimerions savoir ce qu’il y a à faire précisément. La Majorité parle de la mise en place rapide d’un “agenda 21 pour rentrer dans le XXIe siècle”. Mais nous en sommes à la fin de l’année 21 de ce XXIe siècle… et nous n’avons toujours pas d’agenda 21.

Des projets participatifs… non-participatifs
En matière d’économie d’énergie, d’ailleurs, il y avait d’autres ambitions, notamment via le projet de « Smart city ». Ce projet aurait pu être porté par la Régie d’électricité de Wavre et nous continuerons d’ailleurs à demander que cette ambition se réalise un jour. Mais là encore, nous devons bien constater aujourd’hui que les finances vont sans doute manquer. Et pour cause : la Ville, en difficulté et en quête de rentrées financières, demande des dividendes supplémentaires à la Régie. Ce qui, sans forcément l’empêcher de fonctionner, empêchera certainement quelques investissements nécessaires à la transition.
La déclaration de politique communale insistait également sur la démocratie participative. À la lecture du plan d’investissement 2022-2026 de la RCA des sports, nous nous sommes rendu compte que … Oups, la plaine de jeux inclusive avait disparu du programme de la majorité. C’est pourtant ce projet citoyen qui avait remporté l’adhésion de la Majorité à l’issue d’un appel à projets de 50 000 € ouvert en 2018 , juste avant les élections, appel qui n’avait d’ailleurs de “participatif” que le nom.

Gigantisme et démesure
La Majorité a donc réussi :
– à faire croire à une participation collective alors qu’il s’agissait d’un concours mettant en compétition des projets individuels;
– à transformer le projet initial à grands frais en un projet faisant honneur au béton;
– pour enfin l’abandonner “provisoirement”, et sans doute réfléchir à quelque chose de financièrement plus acceptable, mais qui trahira sans doute l’ambition initiale.
L’idée initiale aurait coûté 50 000 €, aurait fait les beaux jours du bois de Beumont et aurait certainement amené à la création d’autres espaces similaires un peu partout dans la commune… Mais à force de s’entêter dans le gigantisme, on en perd le goût des choses simples.
Le gigantisme, et la démesure qui l’accompagne… Nous avons pris l’habitude de le déceler dans le discours de la Majorité. C’est lorsqu’il nous est parlé du “rayonnement de Wavre” que nous nous remettons à penser à cette grenouille de La Fontaine qui voulait se faire plus grande que le bœuf. Voilà sans doute ici le responsable le plus évident du dénuement actuel.

La Sucrerie : une ruine pour les Wavriens
La politique culturelle du Collège communal est probablement le révélateur le plus évident pour les Wavriens de ce travers dans lequel il ne manque jamais de tomber.
La Sucrerie, nous y voilà : symbole même de l’antirésilience et de l’antiproximité qui caractérise la politique mégalomane de Wavre. Tout y est trop cher pour les Wavriens ordinaires que nous sommes : de la construction aux fondations, des entrées aux parkings, des locations aux réceptions, et jusqu’aux salaires de ses dirigeants. La Ville, sur une assiette fiscale de 35.000 habitants, finance seule un outil culturel qui reçoit une dotation annuelle équivalente aux lieux les mieux subsidiés de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui elle, bénéficie d’une assiette fiscale de 5 millions d’habitants. Dans quelle folie financière la gestion de la Ville nous a-t-elle entraînés ? Nous allons le payer pendant longtemps.
Et parallèlement, sont dépensés 400.000 euros, c’est-à-dire l’équivalent du salaire annuel de 8 universitaires pour réviser la mise en scène des Jeux de Jean et Alice.

Un « rayonnement de Wavre » au prix d’un endettement de la Ville
Environ 3 millions à l’ordinaire et 3,5 millions à l’extraordinaire, voilà ce que coûtent ensemble, chaque année, les RCA aujourd’hui. Elles constituent la source de la majorité de l’endettement de la commune et elles expriment le “rayonnement de la commune de Wavre”. Et le rayonnement, ça passe par le football et le hockey en ce moment. Si nous étions d’accord avec l’idée de base de favoriser l’émergence du hockey dans la commune et dans la région, nous sommes quand même interpellés par la gestion de l’ensemble du dossier. Au départ, ceci devait être une opération blanche pour la ville. Mais aujourd’hui, on s’interroge : qui va financer le futur stade de foot pour remplacer le stade Justin Peeters ? Qui va supporter le coût de la mobilité dans la zone les jours de match ? Qui va financer les assurances, ou les dégâts de ces infrastructures en zone inondable ? Selon nos informations, les garanties obtenues par le ministre Crucke en la matière, et qui n’ont pas été communiquées au Conseil d’administration, sont les garanties données par la Ville de Wavre…
Tiens, et si jamais la Ligue de Hockey n’est plus en mesure d’assumer ses engagements (il s’agit quand même d’une dette contractée sur 20 ans pour un terrain dont le coût d’investissement ne cesse de croître), que se passera-t-il ? On connaît la réponse de la Bourgmestre : « faites-nous confiance ».
Mais au vu de l’évolution de la stratégie financière et de la stratégie de développement, il n’est pas rationnel d’accorder cette confiance. Nous aons du mal à suivre le Collège quand il promet aux Wavriens une gestion financière « prudente et raisonnable ». On clame haut et fort que c’est à cause du COVID, des inondations ou de l’inflation, mais il n’en est rien. Cette politique manque à la fois de résilience et d’humilité.

Oublié, Wavre 2030 !
Que devient Wavre 2030 ? Symbole de cette perte de vision, la passerelle pour laquelle, à quelques mois de la finalisation du plateau de la gare, on est obligé d’attribuer un budget afin de réaliser des travaux en urgence sans savoir à quoi elle ressemblera.
Même s’il y a une prise de conscience sur la mobilité douce, il faut bien constater que nous avons à rattraper le retard accumulé ces dernières années. La piste cyclable de la Rue de Nivelles a été réalisée à Rixensart il y a maintenant 5 ans et ce n’est que cette année qu’on la retrouve au budget wavrien.
Il n’y a pas que les cyclistes qui attendront d’ailleurs, car le PIC (le Plan d’Investissement communal) sera entièrement consacré à l’arsenal des travaux. Il ne reste rien ou quasi rien pour l’entretien des voiries. Si on refaisait 10 rues par an, il nous faudrait déjà 60 ans pour refaire l’entièreté des rues de Wavre : on en est loin. Or, plus on attend et plus les réparations coûtent cher. Nous ne sommes pas pour la création de nouvelles routes, mais on pourrait au moins s’arranger pour que les voiries existantes soient confortables pour les motards, les cyclistes, les trottinettes et les automobilistes.

Apprendre à nager… sans piscine
Nous en arrivons à notre conclusion. Wavre est la capitale de l’enseignement fondamental en Brabant wallon. C’est LÀ que se trouve historiquement la richesse de notre rayonnement. Une piscine pour que tous nos élèves sachent nager à l’aube de l’année 2030. Mais Wavre sera sans piscine. Nous n’avons donc même plus les moyens d’offrir le B.A. Ba à nos enfants. Elle avait pourtant été promise lors de la campagne électorale en 2012, et re-promise une seconde fois en 2018. La Majorité a été élue deux mandats de suite sur base de ce programme et cette promesse faite aux parents de la commune et des environs — celle de donner aux écoles le moyen d’apprendre à nager à tous les enfants — n’a pas été honorée.
C’est incompréhensible.

Vers une politique de sobriété heureuse
Alors à cette politique du rayonnement, nous opposons la sobriété heureuse. Les choix d’investissement d’une commune doivent être proches des gens, de leurs besoins et des défis de leur environnement. Elle doit être humaine et à leur mesure. Aujourd’hui, en conséquence de choix politiques, des bijoux de famille sont vendus. Nous vendons des terrains sur lesquels nous aurions pu préparer l’avenir. Pour rappel, nous avons vendu l’équivalent de 17 terrains de football à la Bawette.
Souvenons-nous de la sagesse de l’ours Baloo qui veut « qu’il en faut peu pour être heureux ». Parce que depuis quelques années, il existe deux Wavre : un Wavre imaginaire, voire fictif, celui que la Majorité a survendu avant les élections. Et un Wavre réel, celui que nous traversons tous les jours, et qui nous laisse désarmés pour affronter les enjeux de ce XXIe siècle.

Intervention de Christophe Lejeune au Conseil communal du 21 décembre 2021.

 

Crédit photo : Alexas_fotos