Que penser du projet de 332 logements "rive verte" à Wavre ?
Le 5 mai 2022, les promoteurs de ce projet (proche de la Dyle dans un espace sauvage qu’on peut grosso-modo situer entre le Delhaize de Wavre et la pharmacie Smits de Basse-Wavre) ont organisé une réunion d’informations. Plusieurs membres de notre locale y étaient présents, entre autre le conseiller communal Batian Peter. Il a adressé plusieurs questions à la société MAXIGROUPE SA et au Bureau d’architecture EPU-re, en charge du projet. Voici les arguments exposés dans son courrier.
« Le projet présenté comporte quatre qualités que nous souhaiterions souligner : la construction de logements proches du centre-ville de Wavre, l’offre d’un lieu de promenade aux riverains et aux passants, l’attention que semble porter le porteur de projet à la biodiversité et l’ouverture d’une voie cyclo-piétonne au nord du site, en direction du centre-ville.
Nous nous posons néanmoins plusieurs questions, qui nécessitent sans aucun doute un approfondissement via l’étude d’incidence.
1) La question de l’eau
Le site se situe dans la cuvette de la Vallée de la Dyle et jouxte une zone inondable. Sans mesure de compensation, l’artificialisation du site va contribuer à l’aggravation des inondations à Wavre.
Le porteur de projet propose un ralentissement de l’eau en rendant perméable les structures de voiries et en retenant l’eau sous elles. Il affirme que les eaux retenues seront équivalentes aux eaux de pluie pouvant tomber sur le site et évalue donc son impact construit comme étant nul. Il affirme être ouvert à une charge d’urbanisme pouvant améliorer la situation globale sur le Dyle.
Les questions auxquelles nous aimerions trouver réponse dans l’étude d’incidence sont les suivantes :
• Dans le dispositif proposé, les eaux seront-elles retenues suffisamment longtemps pour ne pas aggraver la crue ? Combien de temps les eaux seront-elles retenues avant de revenir dans la Dyle ?
• Quels sont les dispositifs supplémentaires qui pourraient être mis en œuvre par le porteur de projet afin d’apporter un effet bénéfique au territoire global de la Ville, en cas de crue ?
• Par ailleurs, une fois les terrassements mis en œuvre, le site gardera-t-il bien son caractère « non-inondable » (la rive nord, nord-ouest étant en zone inondable) ?
2) La question des parkings et de la mobilité
Le projet prévoit que 30% seulement des logements disposeraient d’une place de parking pour une voiture mais que deux places de vélos par habitation seraient prévues par logement.
• Si le scénario de diminution du recours à la voiture individuelle est souhaitable, l’étude d’incidence l’envisage-t-il comme étant réaliste à court, moyen et long terme ? Le parking des riverains ne risque-t-il pas de se reporter de manière conséquente sur la voirie ? Combien de voitures supplémentaires à court, moyen et long terme la Ville doit-elle envisager ? Les voiries environnantes ont-elles la capacité d’absorber ce parking ?
• Par ailleurs, un scénario « sans voiture » ne doit-il pas s’envisager avec au moins un parking vélo par lit et la possibilité de garer des vélos cargos dans les immeubles ? Ne faudrait-il pas prévoir sur le site un lieu dédié au car-sharing ou, pour le dire autrement « une station Cambio » ? Comment celle-ci devrait-elle être dimensionnée ? Combien de véhicules seraient-ils nécessaires pour absorber la demande des futurs immeubles ?
3) La question de la fonction.
Le projet proposé comprend la construction de logements (uniquement). Selon notre analyse, il est positif d’amener des logements et de la vie au centre-ville, pourvu qu’un travail sur la mobilité soit mené en parallèle. Nous pensons par ailleurs qu’une offre de bureaux devrait être développée en centre-ville pour augmenter la mixité des fonctions : les travailleurs des bureaux animent la ville en journée et font vivre ses commerces et l’Horeca. La Ville en a besoin.
• L’étude d’incidence peut-elle envisager quel serait l’impact de projets alternatifs qui consacreraient 20% et 30% de la surface prévue par le présent projet à du bureau ? Quel serait l’effet sur la dynamique du centre en termes d’emploi et d’échanges économiques ? Quel serait l’impact de cette mobilité (différente de celle d’habitants) ?
4) La question de l’énergie
La Ville de Wavre s’est engagée à réduire de 40% les émissions de CO2 sur son territoire à l’horizon 2030. La construction de 335 logements augmente évidemment les émissions de CO2 de la Ville à travers le chauffage (et l’éventuel refroidissement) des bâtiments, la consommation électrique et la mobilité produite notamment.
• Dans ce cadre, l’étude d’incidence peut-elle évaluer quelle sera la consommation totale en énergie par les bâtiments et la mobilité engendrée ? Ainsi que les émissions de CO2 supplémentaires qui en découleront ?
• L’étude d’incidence peut-elle également délimiter ce qui devrait être réalisé par le porteur de projet pour que le bilan énergétique des bâtiments soit nul ?
5) Ombre portée
Les riverains sont directement concernés par l’impact des futurs bâtiments sur leur cadre de vie.
• Une étude des ombres portées des bâtiments et de leurs abords peut-elle être réalisée par l’étude d’incidence ? Le problème est particulièrement aigu en hiver : des simulations peuvent-elles être notamment réalisées matin, midi et soir à cette saison ? »
NB : la photo n’a pas été prise sur les lieux du projet mais lors d’une des promenades organisées par Jean Goossens de la locale Ecolo pour découvrir des sentiers oubliés autour de Wavre.