Wavre, 3e pire ville destructrice de nature, va-t-elle accepter de se rattraper ?
Il suffit de se promener autour de Wavre pour se rendre compte que notre ville ne figure pas parmi les bons élèves en matière de respect de la nature. Méga-lotissements et zonings ont remplacé progressivement de nombreux espaces naturels.
Dans l’édition 2017 du magnifique guide « Le Brabant wallon en chiffres » dressé tous les deux ans par la Fondation Economique et Sociale du Brabant wallon avec in BW et la Province du Brabant wallon, on trouvait un détail commune par commune de l’évolution de l’occupation des sols. A Wavre, nous avions déjà perdu, entre 1986 et 2015, 33% de terres agricoles, 22% de prés et 14% de bois. Au total, une perte de près de 20% de la surface non-bâtie, nous plaçant parmi les mauvais élèves, en troisième place parmi les destructeurs de nature, derrière Waterloo (26,5%) et Rixensart (21,8%). Nous n’osons imaginer ce qu’il en est aujourd’hui, sept ans après.
Or, nous sommes partie intégrante de la nature et le contact avec celle-ci est indispensable à notre équilibre.
Elle est indispensable à notre santé mentale.
Elle est indispensable à notre santé tout court car elle lutte contre la pollution de l’air.
Elle est indispensable pour limiter la pollution sonore.
Elle est indispensable pour nous adapter aux dérèglements climatiques que nous avons causés et dont notre population a été dramatiquement la victime l’année passée.
Il est devenu vital de revégétaliser les espaces de vie.
Un mauvais élève a toujours droit à une séance de rattrapage et le Gouvernement wallon en offre une à Wavre en lançant des appels à projets pour renforcer les espaces naturels.
Deux de ces appels à projets seront consacrés au ”Maillage vert et bleu”.[1]
Comme il est expliqué dans le schéma de développement communal (SDC), le réseau écologique est constitué de zones centrales à intérêt écologique, de zones de développement à potentiel écologique et d’éléments de liaison les connectant.
Ces dernières zones sont concernées par ces appels à projets car elles constituent le maillage du réseau écologique dont elles sont un élément essentiel. L’analyse du bureau JNC International pour le SDC montre que ces zones de liaison jouent pleinement leur rôle écologique lorsqu’elles présentent une densité et une continuité suffisante.
Et c’est justement ce qui nous concerne ici, puisque ces appels à projets ont pour objectif de renforcer et restaurer le maillage vert (pour la nature) et bleu (pour les cours d’eau). Le développement des trames vertes et bleues, comme la remise à ciel ouvert de cours d’eau et la restauration de berges plus naturelles, permet de relier les habitats naturels et renforcer les écosystèmes pour les rendre plus résilients face, notamment, aux impacts des changements climatiques. La Dyle, à Wavre, pourrait certainement en profiter.
Un autre appel à projets intitulé “Végétalisation à l’échelle d’un quartier” sera lancé plus tard. Il visera les quartiers densément minéralisés et donc plus imperméables sont visés par cet appel car ils participent à l’aggravation des inondations. On ne peut s’empêcher de penser que le centre de Wavre sera un bon candidat pour cette indispensable transformation.
Wavre, troisième bétonneur de nature du Brabant wallon, a une chance de réparer un petit peu l’énorme écocide des décennies précédentes. Va-t-elle attraper la main qui lui est tendue par la Région wallonne, ou va-t-elle continuer comme si de rien n’était, ignorer cette possibilité de réparation et poursuivre la destruction des zones de nature ? Réponse dans les mois qui viennent…
Texte basé sur l’intervention de Patrick Pinchart, conseiller ECOLO, au Conseil communal de Wavre du 28 juin 2022.
Crédit photo : PXHERE.
[1] Le Plan Wallon Energie Climat (PWEC) 2030 relève l’importance du maillage écologique pour l’adaptation aux changements climatiques en ces mots : « La biodiversité et les services rendus par les écosystèmes sont fortement impactés par les changements climatiques déjà fragilisés par ailleurs par la fragmentation des habitats, la disparition d’espèces, l’arrivée d’espèces invasives, … Il est donc essentiel de poursuivre et renforcer les efforts pour développer les réseaux écologiques. Il s’agit d’un ensemble d’écosystèmes naturels et semi-naturels, mais aussi d’habitats de substitution, susceptibles de rencontrer les exigences vitales des espèces et de leurs populations. Ces zones d’infrastructures vertes sont aussi nécessaires à la production d’une large diversité de services écosystémiques visant à réguler les effets des activités humaines. Le développement de trames bleues et vertes permet de relier les habitats et renforcer les écosystèmes pour les rendre plus résilients face, notamment, aux impacts des changements climatiques. »3
Complémentairement, les espaces verts contribuent au bien-être à travers un effet positif sur la santé mentale de ceux qui en bénéficient, par leurs capacités à atténuer la pollution de l’air et la pollution sonore, par l’offre d’îlots de fraicheur et par la création de lieux de rencontre et de connexion à la nature. »