Limitation des allocations de chômage : Ecolo Wavre tire la sonnette d'alarme

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Ecolo Wavre

Une décision majeure du gouvernement fédéral s’apprête à bouleverser le paysage social belge, avec des répercussions directes pour les citoyens de Wavre et le fonctionnement de notre Centre Public d’Action Sociale (CPAS). Ecolo Wavre tire la sonnette d’alarme : la mesure visant à limiter les allocations de chômage dans le temps risque de fragiliser davantage nos concitoyens les plus vulnérables et de placer nos services sociaux et d’insertion socio-professionnelle locaux sous une pression intenable, faute de moyens supplémentaires.

En quoi consiste la réforme fédérale ?

Le gouvernement Arizona a décidé de mettre un terme au système de chômage indéfini en Belgique. Concrètement, il est prévu d’exclure les demandeurs d’emploi du bénéfice des allocations de chômage après une période de deux ans. L’objectif affiché est d’encourager un retour plus rapide à l’emploi.

Pour les personnes qui, au terme de ces deux années, n’auront pas retrouvé un emploi stable, la perspective est sombre. Une partie d’entre elles se verra contrainte de se tourner vers les CPAS pour solliciter le revenu d’intégration sociale (RIS) ou d’autres formes d’aides sociales.

Les conséquences directes pour Wavre et son CPAS : une bombe à retardement sociale et financière

C’est ici que le bât blesse cruellement. Alors que cette réforme va mécaniquement entraîner un afflux important de nouveaux demandeurs d’aide vers les CPAS, le financement compensatoire annoncé par le gouvernement fédéral à ce jour n’est pas suffisant pour permettre à nos services sociaux locaux de faire face à cette charge supplémentaire.

Pour Ecolo Wavre, les conséquences prévisibles sont multiples et graves :

  1. Augmentation massive du nombre de bénéficiaires au CPAS de Wavre : Les estimations nationales et les craintes exprimées par la Fédération des CPAS wallons suggèrent que le nombre de personnes dépendant de l’aide sociale pourrait augmenter de manière très significative, voire doubler dans certaines communes. Wavre ne fera pas exception. Notre CPAS devra accueillir, analyser les situations et accompagner un nombre bien plus important de citoyens en difficulté.
  2. Surcharge de travail pour le personnel du CPAS : Plus de dossiers signifie un besoin accru en assistants sociaux, en personnel administratif et en accompagnateurs socio-professionnels. Or, les équipes actuelles sont déjà souvent sous pression après les multiples crises auxquelles ils et elles ont fait face vaillamment (covid, Ukraine, énergie…). Sans embauches compensatoires, la qualité de l’accompagnement individuel, pourtant cruciale, risque de se dégrader sévèrement, et le personnel de s’épuiser. Face aux problèmes actuels d’absentéisme et de pénurie de personnel avec la qualification nécessaire, les travailleurs sociaux de nombreux CPAS ont déjà manifesté leur inquiétude face à cette perspective.
  3. Pression insoutenable sur les finances communales : Le financement du revenu d’intégration sociale n’est que partiellement couvert par l’État fédéral. Une part non négligeable (généralement autour de 30-40%, voire plus pour certaines aides spécifiques) reste à charge des communes. Pour Wavre, cela signifie que l’augmentation du nombre de bénéficiaires se traduira par une hausse directe et importante des dépenses communales. Sans compensation fédérale adéquate, c’est le budget de notre ville – et donc potentiellement d’autres services aux citoyens – qui devra éponger la différence, à l’heure où des financements structurels sont si nécessaires pour adapter notre ville au défis climatiques. Les compensations annoncées sont insuffisantes pour couvrir l’ensemble des coûts (prestations, personnel, fonctionnement) sur le long terme.
  4. Risque d’accroissement de la pauvreté et de la précarité à Wavre : Pour ceux qui basculeront du chômage au CPAS, la perte de revenus peut être significative, les montants du RIS étant souvent inférieurs aux allocations de chômage. Cela pourrait plonger davantage de familles wavriennes dans la précarité, avec des difficultés accrues pour se loger, se soigner, se nourrir ou accompagner sereinement l’éducation de leurs enfants.
  5. Des citoyens « perdus de vue » : La crainte existe également qu’une partie des personnes exclues du chômage ne se tournent pas vers le CPAS, par méconnaissance, par découragement ou par crainte de la stigmatisation. Ces personnes risquent de disparaître des radars de l’accompagnement social, avec des conséquences potentiellement dramatiques en termes d’isolement, de santé (y compris mentale) et de dégradation de leurs conditions de vie.
  6. Impact sur les formations et la réinsertion : La réforme pourrait aussi avoir des effets pervers sur la volonté de suivre des formations qualifiantes, si celles-ci ne garantissent pas un emploi immédiat avant la fin des droits au chômage. Or, l’investissement dans les compétences techniques et comportementales est essentiel.

Ce n’est pas une fatalité : les propositions d’Ecolo Wavre

Face à ce tableau préoccupant, Ecolo Wavre refuse la résignation. Nous pensons qu’une autre voie est possible, une voie qui allie la nécessaire solidarité à une véritable politique d’émancipation et de transition écologique et sociale. Le programme d’Ecolo Wavre pour notre commune, ainsi que les propositions plus larges du parti Ecolo, proposent des pistes claires pour une société plus juste et robuste.

Plutôt qu’une approche purement punitive et budgétaire qui déplace encore une fois la charge du fédéral vers le local sans donner les moyens de l’assumer, nous prônons :

  1. Un refinancement structurel et garanti des CPAS : Il est impératif que le gouvernement fédéral assume pleinement les conséquences financières de ses décisions. Cela passe par une augmentation substantielle et pérenne du financement des CPAS, couvrant non seulement l’augmentation du nombre de RIS mais aussi les frais de personnel et de fonctionnement induits. Le taux de remboursement du RIS par le fédéral doit être revu significativement à la hausse au-delà du 100%.
  2. Un accompagnement individualisé et de qualité pour tous les demandeurs d’emploi : La limitation du chômage ne peut être une solution si elle n’est pas accompagnée d’un renforcement massif, structurel et durable des services d’accompagnement vers l’emploi, de formation et de validation des compétences. À Wavre, cela signifie doter notre CPAS et les acteurs locaux de l’emploi des moyens nécessaires pour un suivi personnalisé et émancipateur, qui tienne compte des réalités de chaque personne et des besoins du marché du travail local.
  3. Soutenir l’économie locale, sociale et circulaire créatrice d’emplois durables : Ecolo Wavre plaide pour le développement d’une économie locale robuste, qui crée des emplois de qualité et non délocalisables.
    • Favoriser les circuits courts et l’alimentation durable : Soutenir nos agriculteurs locaux, développer les groupements d’achats communs, promouvoir les produits bio et locaux dans les cantines scolaires et collectives de Wavre. Cela crée de l’activité économique tout en améliorant la santé et l’environnement.
    • Développer l’économie circulaire : Encourager les initiatives de réparation, de réemploi, de recyclage à Wavre. Soutenir les entreprises sociales actives dans ces domaines. Cela réduit les déchets, économise les ressources, crée des liens et crée des emplois locaux.
    • Investir dans la transition énergétique des bâtiments : Wavre doit amplifier ses efforts pour la rénovation énergétique des logements publics et privés. Cela réduit les factures d’énergie (un soulagement pour les bas revenus), améliore le confort, diminue les émissions de CO2 et soutient le secteur local de la construction.
  4. Lutter contre la pénurie de logements abordables à Wavre : La pression sur le CPAS sera d’autant plus forte que le coût du logement à Wavre est élevé. Ecolo Wavre veut :
    • Augmenter l’offre de logements publics et sociaux et soutenir les agences immobilières sociales (AIS).
    • Lutter contre les logements inoccupés et encourager la rénovation et la division de grands logements, dans le respect des normes urbanistiques et de qualité de vie, particulièrement dans les zones bien desservies par les transports en commun.
    • Stopper l’artificialisation des terres et préserver nos espaces verts et agricoles, comme le prévoit notre engagement contre la « bétonisation » à outrance.
  5. Renforcer la justice sociale et l’égalité des chances :
    • Garantir l’accès de tous aux droits fondamentaux : énergie, environnement, eau, soins de santé, éducation. Le CPAS de Wavre doit avoir les moyens de jouer pleinement son rôle de dernier filet de sécurité, de tremplin vers l’autonomie et de garant d’une vie conforme à la dignité humaine.
    • Soutenir les initiatives citoyennes et associatives qui créent du lien social, luttent contre l’isolement et favorisent la participation de tous à la vie locale à Wavre. Ecolo Wavre est attaché à la co-construction des politiques communales avec les citoyens.

Conclusion : agir localement pour la solidarité et l’avenir

La réforme fédérale du chômage, en l’état actuel des choses, fait peser une menace sérieuse sur la cohésion sociale et les finances de notre commune de Wavre. Dans le contexte sécuritaire dans lequel nous vivons aujourd’hui, nous avons besoin de cette cohésion sociale et des réductions des inégalités plus que jamais. Ecolo Wavre appelle à une prise de conscience et à une mobilisation de toutes les forces vives locales et des autorités communales pour exiger du fédéral les moyens nécessaires à une politique sociale digne et efficace.

Nous n’acceptons pas que des mesures d’austérité déguisées viennent saper le travail essentiel de notre CPAS et aggraver la précarité. Il est temps d’investir dans l’humain, dans une économie locale et écologique porteuse de sens et d’emplois, et dans une véritable justice sociale. C’est le Wavre solidaire, écologique et robuste que nous voulons construire avec vous.

Omar Soler Ferrer