Le 6 mars dernier, le Ministre MR des implantations commerciales passait au dessus de la décision de l’administration wallonne et délivrait, d’autorité, un permis à la société BVI.BE pour son projet sur le site des anciennes usines Philips, en face de Walibi. Outre des bâtiments logistiques, sont notamment prévues 6 grosses unités commerciales qui vont, une nouvelle fois, affaiblir les commerçants du centre.

Les 6 surfaces prévues sont des « grandes surfaces » : on annonce, en moyenne, 850m² net par magasin. Que va-t-on y vendre ? La demande de permis parle de matériel de Bricolage (de type Gamma), de fourniture/de meubles de jardin (de type Overstock) et d’intérieur (de type Jysk), de Déco (de type Kwantum), d’un « bazar » (de type Action) et d’un magasin d’électro-ménager (de type ElectroDepot).

Aucun suivi des décisions prises

Dans ce dossier, depuis le début, on ne fait rien de ce qui était prévu pour le site. Le plan de secteur définit le zoning sud comme étant une zone industrielle, et pas une zone commerciale. Mais la ville veut y faire du commerce.

Il y a pourtant la gare de Bierges juste à côté : on pourrait développer sur le site une activité industrielle intéressante, avec des travailleurs/navetteurs. Pourquoi ne pas favoriser l’implantation d’une usine de préfabrication d’éléments constructifs en paille ou en bois, pour maisons écologiques ? Ou une unité de nettoyage de contenants réutilisables ? Ou, carrément, une couveuse industrielle, directement liée aux écoles techniques et professionnelles de Wavre, qui travaillerait à la revalorisation des métiers de la petite industrie et de l’artisanat : la menuiserie, la brasserie, la verrerie, le filage, la couture, une cellule artisanat « upcycling », un centre de découpe des légumes pour cuisines de collectivité… ???? Et bien, non. Ce sera (encore) du commerce.

Pas de concurrence avec le centre ?

Le schéma de développement commercial de Wavre, établi par la commune elle-même, avait pourtant décidé que si l’on étendait les surfaces commerciales du zoning sud, il fallait impérativement privilégier « l’équipement de la maison » et pas « l’équipement de la personne », pour ne pas concurrencer les commerçants du centre-ville. Mais entre ces deux concepts, la frontière a l’air d’être assez floue. Car si on surfe un peu sur les sites Internet des enseignes annoncées plus haut, on trouve : des jouets, des chaussures, des soutiens-gorges, des sets de table, des hôtels à insectes, des rasoirs, des vélos, des i-phones, des paniers, des tasses, des coussins, des assiettes, des plantes, des boîtes, des nappes, des essuies, des photophores, des vases, des produits d’entretien, de la crème solaire, des chapeaux, des roses artificielles, des altères, des bonbons, …

Un intérêt pour l’économie belge proche de zéro

Mais oublions un instant que cette zone commerciale fait de l’ombre au centre-ville de Wavre. Voyons l’intérêt général pour l’économie belge. Peut-être va-t-on y vendre des produits qui vont dynamiser la production belge, les circuits courts, les petits producteurs et les commerçants indépendants ? Peut-être y vendra-t-on des couettes produites avec de la laine de Verviers ? Des accessoires de designers bruxellois ? Des bières artisanales de Dinant-Philippeville ? … Non. Bientôt, nous disposerons d’un nouvel espace pour acheter des seaux en plastique Disney, produits en Chine (ou ailleurs).

Vraiment, ce nouveau zoning commercial, on en rêvait.

Bastian Petter